Comment mon père m’a donné une leçon sur la vie…
J’étais coureur cycliste et comme tout sportif surtout quand on est jeune et qu’on se sent fort, l’égo augmente jusqu’à se sentir supérieur aux autres.
C’était en 1993, j’avais 27 ans, mon père en avait 41. Je devais faire une course à Orléans et comme c’était une course ouverte à tous et à n’importe quel âge, mon père a voulu y participer avec moi malgré son peu d’entrainement. Il sortait une fois par semaine avec moi alors que je m’entrainais minimum 4 fois par semaine. Son but était au moins de terminer les 180 km.
Le jour de la course, je me retrouve avec mes équipiers assez rapidement devant. Et puis, quelqu’un s’est amusé à lancer des clous sur la route, je crève une fois, je change très rapidement la chambre à air et je repars. À peu près à la moitié de la course je crève une seconde fois et là comme il était évident que je ne rattraperais pas la tête de la course, j’abandonne. Une voiture me ramène au départ où m’attendait le reste de ma famille.
Et je décide d’attendre mon père…
J’attends encore et encore, il y a toujours des petits pelotons qui continuent à arriver, je commence à m’inquiéter.
Et puis je le vois arriver complètement épuisé et pour cause…
Il me montre sa roue, il était tombé à la moitié de la course, elle était totalement voilée et il avait continué avec une roue qui même à la main était difficile à tourner puisqu’elle touchait les 2 patins de frein. Un détail, son vélo datait des années 70, avec des roues plus large et un poids plus important.
Moi et mes équipiers on s’est regardé, on venait de prendre une claque par un homme de 41 ans avec du matériel désuet alors que nous, avions les dernières technologies du cyclisme. Mais cet homme était mon père et j’en étais fier, j’étais hyper content pour lui d’avoir « briser » les obstacles alors que moi je m’étais arrêté avec 2 crevaisons. Mon égo s’était effondré en 2 minutes.
Sans en avoir conscience immédiatement, je sais avec le recul que ça a eu un impact dans la suite de ma vie. En effet, même si j’étais déjà persévérant, maintenant je vais toujours jusqu’au bout de ce que j’entreprends alors que dans certaines familles les 2 mots que j’entends trop souvent sont « laisse tomber ».
Mon père a maintenant 73 ans, il est atteint d’une dégénérescence cérébrale, il a un fauteuil roulant et petit à petit il va perdre toutes ses fonctions motrices. Tout ça pour avoir respiré des hydrocarbures pendant plus de 50 ans dans une usine. Et quand je l’ai au téléphone, même s’il est tombé 3 fois dans la journée en essayant de se déplacer, il me dit toujours « ça va et toi ». Jamais je ne l’ai entendu se plaindre, vraiment JAMAIS…
Jusqu’à la fin, il me donnera des leçons de courage.
Merci Papa !
Et vous ! Connaissez-vous quelqu’un qui pourrait être une source pour vous aider à aller de l’avant ? Ce n’est pas obligatoire qu’il fasse partie de la famille. Cela peut être un père spirituel, un ami de longue date, etc.
P.S. Depuis que j’ai écrit cet article, mon père ne va pas fort, et je suis parti en vacances sur la Côte d’Azur. Je voulais absolument aller à l’endroit où il m’avait initié à la plongée sous-marine. 33 ans plus tard, je me suis fait prendre en photo au même endroit avec ma fille donc une génération pour lui offrir :

Il a été très ému en regardant la photo…
2 commentaires sur “Comment mon père m’a donné une leçon sur la vie…”
Bonjour et merci pour votre témoignage, il m’aide à me libérer toujours plus de mon égo.
Par mon expérience, il est possible pour votre père qu’il aille mieux, et je suis navré pour ce qu’il traverse ainsi que son entourage. Je dirais que votre père ne doit pas se sentir condamné par les médecins qui malheureusement pour la plupart ignorent que le corps peut s’auto-guérir. A mon avis la dégénérescence de son cerveau est peut être due aux torts de son éducations (fessées, peurs, etc.). L’exercice consiste d’une part à replonger dans le douloureux passé de son enfance afin que toutes les émotions émergent en surface, le cerveau fera le lien entre les maux et les sentiments refoulés. Comme l’explique très bien Jacques Salomé, les maladies sont des MAL A DIRE. Les MAUX sont des MOTS que l’on doit posé sur des sentiments intérieurs.
La lecture d’Alice Miller « Ta vie sauvée enfin » ou « Notre corps ne ment jamais » m’a été d’une aidé inestimable dans la compréhension de mon fort intérieur.
Je vous recommande également les lectures de Guy Corneau et sur son site « le dialogue avec les cellules intérieures ».
Aussi, la naturopathie: Inès Grosjean
Puisse votre père trouver la paix de l’esprit, tout est possible dans la vie, à tout âge!
Chaleureusement,
Thierry
Merci beaucoup pour votre témoignage, je crois que vous avez raison, absolument d’accord avec votre analyse, je garde espoir…
Amicalement
Eric