Comment combattre vos peurs…
Le pouvoir de la peur
Nous avons tous eu peur un jour : vous, moi, votre entourage, les personnes connues et qui ont réussi, etc.
La peur est un sentiment naturel au même titre que la colère, la jalousie, l’amour, la haine, et j’en passe ! Elle ne doit pas être ignorée, car elle existe en nous à l’origine pour nous protéger. La peur est un sentiment instinctif qui permet à l’être humain de fuir devant le danger, et de se préserver dans les situations critiques, de la même façon que la douleur est un signal du corps qui nous alerte lorsqu’il risque d’être endommagé.
Vous pouvez avoir peur lors d’un accident, d’une agression, d’un événement imprévu auquel vous devez faire face sans vous y être préparé une seule seconde, de la mise en danger d’une personne à laquelle vous tenez, etc. Et cette peur peut alors être votre meilleur atout, grâce à l’adrénaline qui se répand en vous et vous donne des armes pour vous défendre et prendre des décisions difficiles ou extrêmes.
C’est ainsi qu’on a déjà vu des personnes, pourtant envahies par la peur, avoir des attitudes courageuses voire héroïques, alors que de leur propre aveu, elles auraient été incapables de se comporter de la même façon en temps normal.
Cette peur instantanée est donc une chose naturelle, est souvent salutaire, et il n’est pas question ici que vous essayiez de vous en séparer. Mais la peur se présente sous d’autres formes également, bien différentes, qui peuvent être source de paralysie personnelle et qui reposent le plus souvent sur un absolu manque de confiance en vous-même et sur une vision amoindrie de votre personne.
Les peurs destructrices sont celles qui, bien que totalement réelles pour celui qui les vit, trouvent leur source dans l’imagination : il n’est pas recommandé de tenter de les diminuer en s’en moquant, mais bien de les affronter pour en comprendre l’origine et la façon de les affronter.
Il s’agit alors d’une toute autre question que la peur en réaction à un événement qui la justifie, et il est important que vous compreniez comment faire face, et comment changer, pour ne pas vivre dans la peur au quotidien.
Les peurs qui détruisent votre quotidien
Si vous avez déjà connu la peur en situation de danger, vous avez également et certainement déjà expérimenté la peur – et peut- être même la panique – en situation de stress quotidien.
Avez-vous déjà eu la sensation de perdre tous vos moyens à l’école parce que vous deviez venir au tableau réciter un poème devant une classe de camarades qui vous semblaient soudain tous hostiles ?
Avez-vous déjà eu les mains moites à l’idée de prendre la parole devant un groupe de collègues ou devant votre patron, en ayant l’impression que vous ne saviez plus rien de ce que vous étiez censé dire, et que vous ne seriez que capable de bafouiller lamentablement ?
Avez-vous déjà eu peur de vous imposer dans une file d’attente, alors que 3 personnes viennent de vous piquer la place le plus innocemment du monde, en comptant sur vos bonnes manières et votre absence de riposte ?
Avez-vous peur de l’eau, des abeilles, des hauteurs, des espaces clos, des zones trop peuplées, du regard des autres, etc. ? Toutes ces peurs existent et sont reconnues par la médecine pour la plupart, et même si elles semblent irrationnelles aux yeux d’une personne qui n’en est pas victime, elles sont bien réelles, et ne doivent pas être traitées à la légère, car elles paralysent la personne qui en souffre, l’empêchent d’être aux commandes de sa vie, et donc de réussir dans ce qu’elle entreprend.
Je ne me permettrai pas ici de vous donner des modes de résolution pour des maladies sérieuses, comme la claustrophobie ou l’agoraphobie, pour lesquelles votre médecin reste votre unique source de conseils, mais je tiens à vous parler de peurs plus simples et plus anodines, qui peuvent saper votre quotidien tout en n’étant pas graves au point de nécessiter un traitement médical.
Si je reprends l’exemple de la file d’attente pris un peu plus haut, une personne me vient immédiatement à l’esprit : ma propre mère, qui a passé 25 ans de sa vie d’adulte à se faire passer devant sans rien dire, en passant de la simple politesse de base initiale à la soumission finale la plus systématique, et en rongeant silencieusement son frein.
Enfant puis adolescent, je me contentais de lui demander pourquoi elle ne réagissait pas face aux indélicats, et sa seule réponse était « je ne fais pas d’esclandre, car j’ai peur de ce que les autres personnes pourraient penser de moi ». Intérieurement, je me disais qu’ils devaient surtout penser qu’elle était bien faible, mais je gardais ça pour moi, sans intervenir car j’étais encore un peu jeune pour ça… Chaque fois que nous revenions de courses, je savais qu’elle s’en voulait mortellement et qu’elle se taxait de faiblesse, tout en adoptant un comportement de plus en plus timoré face aux situations de confrontations au quotidien.
Jusqu’au jour où, l’accompagnant au supermarché, j’ai été témoin d’une nouvelle scène de dépassement à la caisse, de la part d’une personne qui tentait de se cacher derrière la masse de gens qui étaient présents ce jour-là dans le magasin bondé, et qui profitait d’un changement de file de dernière minute pour gagner un précieux quart d’heure d’attente. Vous avez certainement déjà assisté à ce type de tentative vous-même…
J’avais alors 19 ans, j’étais adulte, et je n’ai pas supporté de voir ma mère se faire dépasser et ignorer une fois de plus. J’ai pris la personne par le bras, j’ai dit suffisamment fort pour que les personnes proches puissent nous entendre : « Excusez-moi monsieur mais je crois que vous avez dévié de la file d’attente de votre caisse », et je l’ai gentiment mais fermement réorienté dans la bonne direction.
Ma mère était rouge de confusion, mais a soudain réalisé que l’autre était encore plus embarrassé qu’elle, qu’il n’osait rien dire, mais que surtout toutes les autres personnes présentes – qui avaient certainement dû subir cela au moins une fois aussi – nous montraient des signes manifestes de soutien et d’approbation !
Ma mère a tout d’un coup réalisé la facilité de l’opération de recadrage de l’indélicat, mais a surtout compris qu’elle se faisait dépasser depuis 25 ans sur la base d’une peur irrationnelle, qui était le regard et l’opinion des autres, peur qu’elle avait elle-même créée et alimentée sans aucune raison logique et valable.
Ma mère ne s’est plus jamais laissé dépasser après cet épisode, et je l’ai même surprise en train d’aider une autre personne victime du même type de tentative !
Je vous raconte cette histoire, qui, même si elle ne concerne pas une peur dramatique en soi, illustre parfaitement de quelle manière vous pouvez vous retrouver enfermé dans un schéma qui vous emprisonne et qui bride en vous toute velléité d’aller de l’avant.
Vous pouvez vous retrouver prisonnier de ce même type de peur paralysante si vous n’êtes par exemple jamais capable de donner votre point de vue en public.
Vos peurs sont en général d’ordre psychologique et doivent être traitées en tant que maladies de l’esprit, tout aussi bénignes qu’elles puissent être, de la même façon que vous allez chez le médecin en cas de grippe.
Concrètement, quelles sont les actions que vous pouvez mener pour dominer vos peurs et les éliminer petit à petit ?
Comment combattre vos peurs ?
Il est important que vous compreniez que la confiance en soi est rarement innée : elle est le plus souvent le produit d’une méthode, d’un apprentissage lors du passage à la vie adulte, et est donc heureusement une qualité que vous pouvez toujours acquérir avec de l’entraînement, en traitant vos peurs une à une, par des petits gestes ou des attitudes simples pour commencer.
Notez que l’inaction entretient vos peurs : si je reprends l’anecdote concernant ma mère, il est évident qu’elle a entretenu une peur minime à la base, en restant engluée dans le seul comportement qu’elle connaissait et qu’elle se sentait donc capable de reproduire à chaque fois sans prendre de risque, à savoir l’inaction.
L’imagination qui entretient vos peurs a besoin d’une preuve contraire qui soit concrète, d’une raison de ne plus avoir peur, et vous devez donc accepter de passer à l’action pour sortir de ce cercle vicieux. Jetez-vous à l’eau en expérimentant les simples techniques qui suivent.
Type de peur | Solution |
Vous avez peur d’échouer à un test ou à un examen | Refusez en vous-même de penser à l’objectif final, à savoir l’examen, et utilisez le temps que vous passez à vous tourmenter pour réviser encore plus, éventuellement avec l’aide d’un proche. |
Vous avez peur d’un résultat ou d’une annonce qui ne dépend pas de vous. | Forcez votre cerveau à “décrocher” complètement du sujet qui vous obsède en l’occupant à l’aide d’activités prenantes n’ayant rien à voir : bricolez dans votre maison, repeignez une pièce, lancez-vous dans le tri de votre grenier, faites le ménage dans votre bibliothèque, etc. Tout ce qui mobilisera votre esprit et qui vous permettra de vous reconcentrer sur autre chose est bon à tester. |
Vous avez peur de l’image que vous donnez aux autres. | Changez de look et consacrez du temps à cette transformation : allez chez le coiffeur, faites quelques boutiques, faites-vous conseiller pour trouver un nouveau style dans lequel vous vous sentez à l’aise et à votre avantage. |
Vous avez peur des autres et vous vous sentez faible face à eux. | Commencez par penser qu’ils ont leurs propres peurs qui sont peut-être pires que les vôtres. N’hésitez pas à admettre votre peur devant eux en utilisant un peu d’humour. Une fois cette peur admise et exprimée, elle vous semblera beaucoup plus anodine puisque vous n’aurez plus à vivre dans l’angoisse qu’elle soit découverte. |
Vous avez peur de l’opinion des autres. | Acceptez qu’il est facile de critiquer et que recevoir une critique, surtout quand elle est gratuite, est plus le reflet de l’esprit étroit des autres, que de votre propre déficience. Aucune idée n’a jamais été formulée sans recevoir de critiques en retour, et vous devez accepter ce postulat dès maintenant. Se faire critiquer est la marque d’un esprit créatif, et c’est bien le but que vous visez. |
Vous avez peur de prendre une décision importante. | Fixez-vous un temps déterminé et limité, et utilisez ce temps pour analyser tous les aspects de cette décision. Une fois la décision prise, refusez de revenir en arrière, et faites confiance à votre instinct initial. |
De façon générale, ne restez jamais dans l’hésitation quand vous ressentez une peur face à une situation donnée : l’hésitation et l’inaction nourrissent la peur, transforment ses causes en fantasme, et la rendent de plus en plus difficile à affronter.
Restez dans l’action et votre peur restera abordable et contrôlable.