Dans nos rapports avec autrui, il nous arrive souvent d’avoir affaire à des gens dont le mauvais caractère nous met en difficulté : un chef qui perd subitement son sang-froid devant une erreur mineure ; un fonctionnaire qui, confortablement retranché derrière son guichet, nous oppose sa force d’inertie ; un client qui prétend nous apprendre notre métier ; un conjoint qui, après avoir refoulé son exaspération pendant toute la journée au travail, éclate en arrivant à la maison, et ainsi de suite.
Quel que soit le type de difficulté que vous rencontrerez, il vous faut une stratégie pour y faire face avec succès.
En voici une, qui a été définie par un psychologue américain, le Dr Robert Bramson, dont j’ai souvent pu constater l’efficacité. Ses étapes sont les suivantes :
Les 4 étapes faces aux gens difficiles
- Évaluer la situation.
- Cesser de vouloir changer l’autre.
- Prendre ses distances par rapport à la situation conflictuelle.
- Adopter une stratégie et s’y tenir.
Vous pourriez ajouter une 5e étape, celle qui consiste – une fois votre programme en application – à évaluer les résultats de votre comportement.
C’est ce qui permet de modifier des aspects de la stratégie, en fonction de l’expérience.
Pour commencer, ne vous précipitez pas à qualifier quelqu’un de “difficile” sous prétexte que vous avez un problème avec lui.
Un comportement difficile peut être passager et résulter des circonstances que traverse votre interlocuteur.
Cette précaution a son importance parce que nous nous irritons facilement des défauts d’autrui tout en considérant les nôtres comme simplement “humains”.
Par conséquent, dans toute situation épineuse, n’est-il pas tentant de qualifier les autres de “difficiles” ?
La première chose à faire consiste donc à vous assurer si, oui ou non, vous avez affaire à quelqu’un de vraiment difficile.
Lorsque la situation est confuse, posez-vous certaines questions clés avant de coller à votre interlocuteur l’étiquette “difficile” ou, au contraire, de vous fustiger pour votre intolérance.
La réaction de la personne est-elle une constante chez elle ?
Une façon de le savoir est de rechercher ce qui a déclenché l’incident : l’une de vos remarques ou l’une des siennes, la mention d’un sujet qui vous “écorche”, etc.
Si vous êtes honnête envers vous-même, vous n’aurez guère de difficultés à mettre le doigt sur le mot ou le sujet déclencheur.
Vous saurez ainsi si l’irritabilité est de votre côté ou de celui de l’autre partie.
Vous pourrez aussi vérifier si ce même déclencheur produit chaque fois le même effet et s’il agit fréquemment.
Si c’est le cas, vous avez probablement affaire à une personne difficile.
Un exemple
Jeannette et Charles, 2 biologistes, furent désignés pour travailler ensemble à une recherche.
Dès les premiers jours, Jeannette constata que son coéquipier était morose et semblait dépourvu des qualités requises pour un travail délicat en équipe.
Au bout d’une quinzaine de jours, Jeannette était excédée.
Non seulement Charles était aussi peu courtois qu’une porte de prison, mais encore se refusait-il à partager ses informations avec elle.
Dans le petit laboratoire où ils passaient leurs journées, l’atmosphère devenait insoutenable. Jeannette n’en dormait plus et son travail s’en ressentit.
N’ayant jamais eu de boutons de sa vie, elle commença à avoir une poussée d’acné que le dermatologue consulté n’hésita pas à attribuer au stress.
Finalement, après une dispute ouverte avec son collègue, Jeannette entreprit d’y voir clair.
Elle alla interroger discrètement d’autres collègues qui connaissaient Charles, pour se renseigner sur son tempérament habituel.
Et chaque fois qu’il manifestait sa négativité, elle s’efforça de noter les circonstances de l’accrochage.
Ses efforts furent récompensés ! En moins d’une semaine, Jeannette vit émerger une sorte de schéma directeur du comportement de Charles :
– Il avait rempli une demande de mutation quelques temps avant d’être désigné pour faire équipe avec elle.
Sa demande avait été refusée parce que, selon le chef du personnel, elle équivalait à une promotion pour laquelle Charles n’était, selon lui, pas encore prêt.
– Les diplômes de Charles étaient beaucoup moins prestigieux que ceux de Jeannette.
Lorsque celle-ci était entrée au Centre de Recherches, le “téléphone arabe” avait, comme à l’accoutumée, rempli son office et chacun savait de quelle célèbre université elle venait.
En cette occasion, Charles était de ceux qui avaient émis quelques commentaires acides sur l’arrivée d’un autre “petit génie”.
Ces informations permirent à Jeannette de comprendre que Charles était frustré par la décision de ses supérieurs et que l’idée de faire équipe avec le nouveau “petit génie” du Centre écorchait son amour-propre, déjà mis à rude épreuve.
Ayant ainsi évalué la situation, elle sut que le comportement de son collègue était circonstanciel et non permanent, comme cela aurait été le cas avec une personne vraiment difficile.
Cela lui donna du courage pour aborder franchement le problème avec lui.
Elle eut une explication franche avec son collègue et, par un effort d’affirmation de soi, lui fit savoir qu’elle n’était pas disposée à continuer de supporter les effets de sa mauvaise humeur dont elle n’était aucunement responsable.
Après cela et une courte période de transition, Charles découvrit que Jeannette était la biologiste la plus délicieuse qui soit et il avait probablement raison.
Faites votre propre analyse
Faites donc votre propre analyse ! Imitez Jeannette et décrivez à tête reposée, sur votre fidèle calepin, les circonstances dans lesquelles vous vous “accrochez” avec quelqu’un.
Vous ne tarderez sans doute pas, vous aussi, à voir émerger un fil conducteur.