Pratiquez l’autosuggestion pour former une habitude par le Dr Parkyn

 

Texte sur l’autosuggestion écrit par le DR HERBERT A. PARKYN

Toute habitude de l’esprit ou du corps est formée par la répétition d’une pensée ou d’une action, et la plupart de nos habitudes se sont formées involontairement. Mais il est intéressant de constater combien il est facile de créer toutes espèces d’excellentes habitudes à toute personne qui examine ses points faibles et se met de propos délibéré à développer des habitudes salutaires.

J’ai connu un homme qui était incapable de garder un canif en sa possession, car quoiqu’il en achetât plusieurs chaque année, il les perdait tous ou bien les laissait traîner.

Je lui demandai pourquoi il ne fermait pas l’habitude de remettre toujours son canif à une certaine place après l’avoir employé. Il me répondit qu’il s’était proposé plusieurs fois d’avoir recours à cet expédient mais qu’il avait invariablement oublié ses résolutions et perdu son canif.

Je lui dis que s’il voulait pendant quelques jours formuler des autosuggestions volontaires et obéir à ces suggestions, il pourrait créer l’habitude d’avoir soin de son canif et que cette habitude une fois formée lui resterait sa vie durant et lui permettrait de conserver un canif jusqu’à ce qu’il fût usé.

Je lui expliquai comment il devait pratiquer l’autosuggestion suivant les indications du Chapitre I et voici ce qui fut convenu :

Il achèterait une gaine de cuir ordinaire pour son canif et chaque fois qu’il l’emploierait ou le prêterait, il tiendrait en main la gaine jusqu’à ce que le canif y fût remis. Le canif entouré de sa gaine devait toujours être déposé dans la poche supérieure gauche du veston.

Après avoir acheté la gaine, il s’exercerait à y glisser le canif, à le déposer dans sa poche, l’en faire ressortir, retirer la gaine, ouvrir le canif, le fermer, le remettre dans la gaine et ensuite dans la poche. La gaine n’avait pas d’autre rôle que de lui rappeler qu’il devait toujours replacer le canif dans la poche supérieure gauche de son veston.

En sortant le canif de sa poche il se dirait à lui-même :

“Dès que j’aurai fini d’employer mon canif je le replacerai dans sa gaine et le remettrai dans ma poche, et je tiendrai la gaine dans la main gauche jusqu’à ce que j’y aie replacé le canif.”

Notre homme ayant consenti à mettre mon projet à l’épreuve, je le revis quelques jours après et je lui demandai son canif. Aussitôt il le prit dans la poche supérieure de son veston, le sortit de sa gaine et me le présenta, conservant la gaine dans sa main gauche.

Je fus très satisfait du résultat de l’expérience et lui demandai s’il devait encore faire un effort chaque fois pour se rappeler de le remettre dans sa poche. Il me répondit que dans les premiers jours il s’était systématiquement exercé à sortir son canif de sa poche et à l’y remettre une demi-douzaine de fois, quand il en avait besoin jusqu’à ce que cette succession d’actes fût devenue automatique.

Ceci se passait il y a plusieurs années, mais dernièrement je rencontrai l’homme au canif et en manière de plaisanterie lui redemandai l’objet en question. Sans hésiter il fouilla dans la poche supérieure gauche de son veston et m’offrit le canif, tandis qu’il gardait de sa main gauche la gaine de cuir dont il l’avait retiré. C’était un des plus beaux canifs de poche que j’eus jamais vus et je lui en fis compliment.

Jugez de ma satisfaction comme de ma surprise quand mon ami me dit que c’était seulement le deuxième canif qu’il avait acheté depuis que je l’avais engagé à former cette bonne habitude et que le premier canif qu’il possédait à cette époque était encore en sa possession, mais complètement usé.

Il y a quelque temps, une dame habitant une ville éloignée vint à ma consultation un matin pour m’entretenir de sa santé. Elle était dans une grande surexcitation à cause d’un incident qui s’était produit au début du voyage, longtemps avant l’arrivée du train à Chi¬cago : elle s’était lavé les mains dans le lavatory du Pullman – car et après être retournée à sa place s’était aperçue au bout d’une vingtaine de minutes qu’elle avait perdu 2 bagues ornées de diamants d’une grande valeur.

Se rappelant qu’elle les avait ôtées et déposées à côté du bassin dans le lavatory, elle s’y précipita, mais n’y trouva pas les bagues. L’employé jura qu’il ne les avait ni vues, ni dérobées, quoi¬qu’un autre voyageur l’eût vu entrer au lavatory sitôt après que ma cliente en était sortie. Son mari menaça l’employé de porter plainte et obtint qu’il cherchât dans les literies déjà enlevées des couchettes et finit par y “retrouver” les bagues.

Le mari de ma cliente me dit que ce menu fait n’était que l’un des mille et un désagréments que s’attirait sa femme par sa mauvaise habitude de laisser traîner ses bijoux ou de les cacher là où elle-même ne savait plus les retrouver. Sa manie de perdre ou de cacher ses bagues était devenue un sujet de plaisanterie dans la famille.

Comment on forme une habitude

Tandis que je traitais cette dame pour d’autres maux, je lui suggérai qu’il serait bon de former, à l’aide d’autosuggestions, l’habitude de mettre ses bagues à une place déterminée chaque fois qu’elle les ôterait. Je lui donnai des instructions analogues à celles qui avaient produit d’heureux effets dans le cas du canif, et elle prit le parti d’essayer. Elle décida qu’elle nouerait ses bagues dans un mouchoir chaque fois quelle les ôterait pour se laver les mains et qu’elle glisserait immédiatement le mouchoir dans son corsage.

Pendant plusieurs jours elle s’exerça pendant quelques minutes, 4 ou 5 fois par jour, à enlever ses bagues, à les nouer dans un mouchoir, à le glisser dans son corsage, en se répétant mentalement :

“Dorénavant je me rappellerai que je dois procéder ainsi chaque fois que j’ôterai mes bagues.”

Quelques jours après elle me dit que lorsqu’elle n’avait pas de mouchoir sur elle quand elle se disposait à se laver les mains, elle se sentait poussée à aller immédiatement en chercher un.

Un jour, vers la fin de son traitement, se trouvant en visite chez une amie, elle s’aperçut au moment de se laver les mains qu’elle avait oublié de se munir d’un mouchoir ; elle s’en tira en nouant ses bagues dans un essuie-main qu’elle déposa à une place donnée jusqu’à ce qu’elle eût achevé ses soins de toilette.

Récemment je fus en correspondance avec le mari de ma cliente, et préparant cet article sur l’autosuggestion, je lui demandai s’il était encore arrivé à sa femme d’égarer ses bagues. Je transcris ici un passage de sa réponse :

“Madame XXX me prie de vous dire qu’elle n’a plus eu un moment d’ennui au sujet de ses bagues depuis qu’elle a suivi vos conseils et que depuis des années elle ne s’est plus trouvée sans un mouchoir sur elle. La vue de ses bagues lui rappelle qu’elle doit se munir d’un mouchoir et lorsqu’il lui arrive, n’étant pas chez elle, d’ôter ses bagues avant de se mettre au lit, elle les attache dans un mouchoir, qu’elle dépose à une certaine place où elle sera assurée de les trouver au réveil, par exemple dans son bas ou son soulier. Votre autosuggestion a été très efficace ; et de plus nous avons appliqué le même principe à bien des détails de notre vie journalière avec un plein succès, spécialement pour former chez nos enfants des habitudes salutaires.”

On pourra trouver que ces menus faits occupent ici une bien grande place, mais ce ne sont que de simples exemples des multiples habitudes, de plus ou moins d’importance, que nous pouvons développer à notre gré en examinant nos lacunes et nos faiblesses et en employant l’autosuggestion de façon suivie jusqu’à ce que nous ayons atteint le résultat désiré.

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